La Bataille du rail

Le 29 mars 2018, nous sommes allés visiter la gare des Bénédictins pour savoir ce qui s’est passée là-bas car c’était un endroit stratégique pendant la Seconde Guerre Mondiale

Notre guide nous a expliqué que Limoges a accueilli de nombreux réfugiés dès 1937 à cause de la Guerre d’Espagne.
En juin 1940, la gare a été bombardée par des avions italiens mais il n’y a pas eu de dégâts.  Grâce à une maquette, le guide nous a expliqué que la gare est soutenue par des piliers et que les trains passent en fait sous la gare. Si la gare s’était écroulée, tous les trains auraient été bloqués.

A partir de l’invasion de la zone libre par les nazis en novembre 1942, des cheminots allemands ont été envoyés à Limoges. Dans le hall de la gare, il y a  une plaque commémorative qui rend hommage aux Résistants qui travaillaient à la SNCF et qui sont morts à cette terrible époque. Nous avons parlé de comment ils pouvaient saboter et comment ils trouvaient des armes.

La résistance des cheminots français pendant l’occupation nazie et leurs efforts pour perturber la circulation des trains est racontée  dans le film  » La bataille du rail » (René Clément – 1946). Dans cet extrait du film, il y a un exemple de sabotage [su_youtube_advanced url= »https://youtu.be/c1bCz5WWprY » width= »200″ height= »200″ rel= »no » theme= »light »]

Sous la gare, il y a un grand couloir qui permet de passer sous les rails. Nous y avons vu l’entrée d’un ancien tunnel que les Allemands utilisaient comme un abri. Le public n’a pas le droit d’y aller mais sur les photos on peut encore voir le panneau « Réservé à la Wehrmacht ».

source image : Wikipedia

 

 

 

 

 

Les Résistants avaient réussi à installer un émetteur récepteur radio en haut du campanile de la gare. Cela leur a permis de transmettre des informations aux Alliés pour qu’ils bombardent une usine qui fabriquait des moteurs d’avion destinés à l’armée allemande en février 1944.

Sur un des murs extérieurs de la gare, nous avons vu des impacts de balles. Ce sont les traces des combats pour la libération de Limoges en août 1944.

A l’arrière de la gare, le guide nous a montré un portail en fer qui permet d’ aller directement sur les quais. C’est par là que la Gestapo et la milice faisaient passer les prisonniers qu’ils allaient déportés.  Nous avons parlé de Thérèse Menot, une résistante limousine qui a été déportée à Ravensbrück . Pendant la guerre, elle a distribué beaucoup de faux papiers pour permettre aux gens de se cacher et des tracts pour encourager les ouvriers à saboter les moteurs d’avion qu’ils devaient fabriquer pour l’Allemagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2002, elle a demandé à poser une plaque pour qu’on se souvienne de tous les Déportés.

 

 

 

 

Le guide nous a aussi montré un brassard « DP », ce sont les initiales de « défense passive ». La défense passive c’est tout ce qui est mis en place pour protéger les civils en cas de bombardement :  des surveillants et des sirènes pour alerter la population, des abris souterrains,  la formation de la population sur ce qu’il faut faire en cas d’alerte…

Ensuite,  nous avons fait un jeu de piste pour retrouver les hôtels qui ont hébergé les réfugiés pendant la guerre.  Certains noms de rues à Limoges ont changé après la guerre, comme à Bourganeuf et dans beaucoup d’autres villes de France. Nous avons emprunté l’Avenue du Général De Gaulle pour aller jusqu’au Monument aux Morts. 

Le monument aux Morts de Limoges est rare en France car c’est un monument à la gloire de la Paix. Il est composé de trois parties :

  • La première chose que l’on voit, c’est l’inscription sur le socle « Aux enfants de Limoges morts pour la France et la paix du monde ». Il y a aussi un soldat mort (= un gisant) et une femme qui pleure. Les sculpteurs voulaient montrer la douleur des Hommes et l’espoir d’un monde meilleur.
  • De chaque côté du socle, il y a une statue : un ouvrier qui fabrique des chaussures et un ouvrier en porcelaine qui est plus âgé. Ils symbolisent la ville de Limoges qui a été touchée par la guerre mais qui a réussit à survivre. C’est rare que des hommes figurent en civil sur un monument aux morts.
  • Au dessus, une femme représente la Paix et la République. Elle piétine un dragon, symbole de la guerre et du totalitarisme. Dans sa main gauche, elle tient une corbeille de fruits (= une corne d’abondance) qui symbolise les bienfaits de la Paix.

 

 

La Déportation

A partir de 1941, l’extermination des Juifs et des Tsiganes débute.

Ils sont raflés puis déportés dans des camps de concentration et d’extermination.

D’autres catégories de personnes telles que les homosexuels, les personnes handicapées, les opposants politiques ont subi le même sort.

1. Les arrestations et les rafles

Certains Juifs sont « invités » à se rendre au commissariat où ils sont arrêtés.

Témoignage de Rachel Segal-Jaeglé – Le grenier de Sarah

Convocation dite du « billet vert » émanant de la préfecture de Police remis aux Juifs qui seront arrêtés le 14 mai 1941. – Mémorial de la Shoah/coll. Wertheimer

 

D’autres sont raflés chez eux.

Le 16 novembre 1942, à Paris, 13 000 Juifs sont arrêtés. C’est la Rafle du Vel d’Hiv’

Témoignage d’Arlette Testyler – Cercle de la Shoah

Devant le Vel d’Hiv pendant la rafle du 16 et 17 juillet 1942, les autobus pour le transport des personnes arrêtées. – Mémorial de la Shoah/Coll. BHVP

2. La Déportation

Les Déportés sont transportés dans des wagons de marchandises ou des wagons à bestiaux sans nourriture, sans siège, sans toilette…

Il pouvait y avoir jusqu’à 100 personnes par wagon.

Primo Levi est un résistant et un Juif. Il a été déporté à Auschwitz en 1944, à l’âge de 24 ans.

« Il y avait douze wagons pour 650 personnes […]. Pas de doute, ce que nous avions sous les yeux, ce que nous sentions sous nos pieds, c’était un de ces fameux convois allemands, de ce qui ne reviennent pas, et dont nous avions si souvent entendu parler, en tremblant et vaguement incrédules. C’était bien cela, très exactement des wagons de marchandises, fermes de l’extérieur, et dedans, entassés sans pitié, comme un chargement en gros, hommes, femmes et enfants, en route pour le néant, la chute, le fond. Mais cette fois, c’est nous qui sommes dedans. »

Primo Levi, Si c’est un homme.

 

Convoi du 15 mars 1943 – Photo extraite du site internet Mémorial du Wagon de la Déportation.

Témoignage de Déporté

L’arrivée des juifs dans les camps de concentration

« La troisième nuit, arrêt brutal. Les portes du train sont violemment ouvertes : « Raus Schnell ! » (« dehors vite ! »). Les enfants sont terrorisés. La situation est terriblement angoissante. Je marche le long de la voie ferrée, comme on nous l’ordonne. Il fait nuit, mais des projecteurs nous éclairent violemment. Un Allemand fait des gestes avec sa cravache, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, pour séparer les gens en deux groupes, comme s’il s’agissait de bétail. Tous les enfants partent d’un côté, avec les personnes âgées. Des familles sont séparées, mari et femme, mère et enfant, frère et soeur. Ce sont des scènes déchirantes, mais les Allemands frappent violemment ceux qui sortent du rang. »

 

Déposition du commandant Rudolph Hess au procès de Nuremberg (1945 – 1946).

« A Auschwitz, deux médecins SS examinaient les arrivages de transports de prisonniers. Les prisonniers devaient passer devant l’un de ces médecins qui, à l’aide d’un signe, faisait connaître sa décision. Ceux qui étaient jugés aptes au travail étaient envoyés dans les camps ; les autres, dirigés sur les lieux d’extermination. Les enfants en bas âge étaient exterminés sans exception, puisque, du fait de leur âge, ils étaient incapables de travailler. »

Déposition – 5 avril 1946

Les Déportés aptes au travail sont rasés, tatoués d’un numéro de matricule et reçoivent une tenue rayée. Sur chacune se trouvent le numéro de matricule du Déporté et un triangle indiquant la raison de sa détention.

Manteau de la tenue rayée d’un déporté de BuchenwaldAFMD 71
Insignes cousus sur les vêtements des déportés dans les camps de concentration, qui indiquent la raison de leur arrestation (d’après Eugen Kogon, L’Enfer organisé, 1947).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils vivent dans des conditions très difficiles.

On estime que 6 millions de Juifs et de Tsiganes ont été tués dans les camps.

Carte des camps en Europe.

 

3. Le génocide tsigane

« Le premier transport des Tziganes arrive à Birkenau (Pologne) en février 1943. Les tziganes sont enregistrés, leur numéro matricule précédé d’un Z, pour Zigeuner, tatoué et inscrit sur le triangle noir, celui des asociaux*.

Dans le “camp des Tziganes”, la mortalité est effrayante : faim, conditions d’hygiène et sanitaires désastreuses… En mai 1944, des S.S. arrivent pour tuer les 6 000 survivants du camp mais les Tziganes se révoltent. 3 000 sont alors envoyés dans un camp de travail forcé. Le 2 août, les 3 000 Tziganes restants sur les 21 000 enregistrés dans le camp sont exterminés. »

D’après A. Wieviorka, Auschwitz, 60 ans après, 2005

*asociaux : les nazis considèrent les Tziganes inadaptés à la vie sociale car ils sont nomades.