La Déportation

A partir de 1941, l’extermination des Juifs et des Tsiganes débute.

Ils sont raflés puis déportés dans des camps de concentration et d’extermination.

D’autres catégories de personnes telles que les homosexuels, les personnes handicapées, les opposants politiques ont subi le même sort.

1. Les arrestations et les rafles

Certains Juifs sont « invités » à se rendre au commissariat où ils sont arrêtés.

Témoignage de Rachel Segal-Jaeglé – Le grenier de Sarah

Convocation dite du « billet vert » émanant de la préfecture de Police remis aux Juifs qui seront arrêtés le 14 mai 1941. – Mémorial de la Shoah/coll. Wertheimer

 

D’autres sont raflés chez eux.

Le 16 novembre 1942, à Paris, 13 000 Juifs sont arrêtés. C’est la Rafle du Vel d’Hiv’

Témoignage d’Arlette Testyler – Cercle de la Shoah

Devant le Vel d’Hiv pendant la rafle du 16 et 17 juillet 1942, les autobus pour le transport des personnes arrêtées. – Mémorial de la Shoah/Coll. BHVP

2. La Déportation

Les Déportés sont transportés dans des wagons de marchandises ou des wagons à bestiaux sans nourriture, sans siège, sans toilette…

Il pouvait y avoir jusqu’à 100 personnes par wagon.

Primo Levi est un résistant et un Juif. Il a été déporté à Auschwitz en 1944, à l’âge de 24 ans.

« Il y avait douze wagons pour 650 personnes […]. Pas de doute, ce que nous avions sous les yeux, ce que nous sentions sous nos pieds, c’était un de ces fameux convois allemands, de ce qui ne reviennent pas, et dont nous avions si souvent entendu parler, en tremblant et vaguement incrédules. C’était bien cela, très exactement des wagons de marchandises, fermes de l’extérieur, et dedans, entassés sans pitié, comme un chargement en gros, hommes, femmes et enfants, en route pour le néant, la chute, le fond. Mais cette fois, c’est nous qui sommes dedans. »

Primo Levi, Si c’est un homme.

 

Convoi du 15 mars 1943 – Photo extraite du site internet Mémorial du Wagon de la Déportation.

Témoignage de Déporté

L’arrivée des juifs dans les camps de concentration

« La troisième nuit, arrêt brutal. Les portes du train sont violemment ouvertes : « Raus Schnell ! » (« dehors vite ! »). Les enfants sont terrorisés. La situation est terriblement angoissante. Je marche le long de la voie ferrée, comme on nous l’ordonne. Il fait nuit, mais des projecteurs nous éclairent violemment. Un Allemand fait des gestes avec sa cravache, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, pour séparer les gens en deux groupes, comme s’il s’agissait de bétail. Tous les enfants partent d’un côté, avec les personnes âgées. Des familles sont séparées, mari et femme, mère et enfant, frère et soeur. Ce sont des scènes déchirantes, mais les Allemands frappent violemment ceux qui sortent du rang. »

 

Déposition du commandant Rudolph Hess au procès de Nuremberg (1945 – 1946).

« A Auschwitz, deux médecins SS examinaient les arrivages de transports de prisonniers. Les prisonniers devaient passer devant l’un de ces médecins qui, à l’aide d’un signe, faisait connaître sa décision. Ceux qui étaient jugés aptes au travail étaient envoyés dans les camps ; les autres, dirigés sur les lieux d’extermination. Les enfants en bas âge étaient exterminés sans exception, puisque, du fait de leur âge, ils étaient incapables de travailler. »

Déposition – 5 avril 1946

Les Déportés aptes au travail sont rasés, tatoués d’un numéro de matricule et reçoivent une tenue rayée. Sur chacune se trouvent le numéro de matricule du Déporté et un triangle indiquant la raison de sa détention.

Manteau de la tenue rayée d’un déporté de BuchenwaldAFMD 71
Insignes cousus sur les vêtements des déportés dans les camps de concentration, qui indiquent la raison de leur arrestation (d’après Eugen Kogon, L’Enfer organisé, 1947).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils vivent dans des conditions très difficiles.

On estime que 6 millions de Juifs et de Tsiganes ont été tués dans les camps.

Carte des camps en Europe.

 

3. Le génocide tsigane

« Le premier transport des Tziganes arrive à Birkenau (Pologne) en février 1943. Les tziganes sont enregistrés, leur numéro matricule précédé d’un Z, pour Zigeuner, tatoué et inscrit sur le triangle noir, celui des asociaux*.

Dans le “camp des Tziganes”, la mortalité est effrayante : faim, conditions d’hygiène et sanitaires désastreuses… En mai 1944, des S.S. arrivent pour tuer les 6 000 survivants du camp mais les Tziganes se révoltent. 3 000 sont alors envoyés dans un camp de travail forcé. Le 2 août, les 3 000 Tziganes restants sur les 21 000 enregistrés dans le camp sont exterminés. »

D’après A. Wieviorka, Auschwitz, 60 ans après, 2005

*asociaux : les nazis considèrent les Tziganes inadaptés à la vie sociale car ils sont nomades.

Le génocide juif

L’idéologie d’Hitler est basée sur le racisme: il existe une race supérieure (la race « aryenne ») et des races inférieures. Hitler en veut principalement aux Juifs.

1. Les interdictions faites aux Juifs

Ecouter le témoignage de Francine Christophe – Le grenier de Sarah 

Le 20 juin 1942, Anne Frank énumère tout ce qui est désormais interdit aux Juifs

Extrait du Journal d’Anne Frank

« À partir de mai 1940, c’en était fini du bon temps, d’abord la guerre, la capitulation, l’entrée des Allemands, et nos misères, à nous les juifs, ont commencé. Les lois antijuives se sont succédées sans interruption et notre liberté de mouvement fut de plus en plus restreinte. Les Juifs doivent porter l’étoile jaune ; les Juifs doivent rendre leurs vélos ; les Juifs n’ont pas le droit de prendre le tram ; les Juifs n’ont pas le droit de circuler en autobus, ni même dans une voiture particulière ; les Juifs ne peuvent faire leurs courses que de trois heures à cinq heures, les Juifs ne peuvent aller que chez un coiffeur juif ; les Juifs n’ont pas le droit de sortir dans la rue de huit heures du soir à six heures du matin ; les Juifs n’ont pas le droit de fréquenter les théâtres, les cinémas et autres lieux de divertissement ; les Juifs n’ont pas le droit d’aller à la piscine, ou de jouer au tennis, au hockey ou à d’autres sports ; les Juifs n’ont pas le droit de faire de l’aviron ; les Juifs ne peuvent pratiquer aucun sport en public. Les Juifs n’ont plus le droit de se tenir dans un jardin chez eux ou chez des amis après huit heures du soir ; les Juifs n’ont pas le droit d’entrer chez des chrétiens ; les juifs doivent fréquenter des écoles juives, et ainsi de suite, voilà comment nous vivotions et il nous était interdit de faire ceci ou de faire cela. »

Panneau interdisant un accès aux Juifs, Square Boucicaut, PARIS
Les propriétaires juifs de magasins ont l’obligation d’apposer sur leurs devantures une affichette jaune portant l’inscription « Judisches Geschäft – Entreprise juive ». Avis du préfet de police en application de l’ordonnance allemande du 18 octobre 1940.
(BHVP, coll. Zucca)
Mémorial de la Shoah
Affichette « Entreprise juive » apposée sur les boutiques et entreprises dont les propriétaires sont Juifs au regard de la loi de Vichy
Mémorial de la Shoah

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2. Les obligations des Juifs 

Ils ont l’obligation de se faire inscrire comme « Juifs » à la Préfecture ou à la Kommandantur.

Carte d’identité de Madeleine Margolin frappée du tampon « juive »(Mémorial de la Shoah/coll.Margoline)

 

Ils ont l’obligation de porter l’étoile jaune.

En France l’obligation de porter l’étoile jaune date du 7 juin 1942. Cette obligation concerne tous les Juifs de plus de 6 ans.

Témoignage de Rachel Segal-Jaeglé – Le grenier de Sarah

Affiche antisémite incitant au port de l’étoile jaune – La Dépêche