H2GSP : derrière un sigle obscur, des disciplines au service de la culture générale

H2GSP, pour Histoire, Géographie, Géopolitique et Science Politique : le sigle s’est imposé pour résumer commodément l’intitulé officiel de l’un des enseignements de spécialité que la récente réforme du lycée met en place en Première et en Terminale générales. Une série de grandes questions actuelles doivent ainsi être abordées sous des angles divers : historiques, géographiques, géopolitiques, voire politiques. Les frontières, les régimes politiques, les religions, etc. en classe de première, puis en terminale, la guerre et la paix, l’environnement, la mémoire du passé, le patrimoine, les mers et les océans, sont autant de thèmes qui permettent de cerner les enjeux du monde d’aujourd’hui. Mais la connaissance des problématiques de notre temps est avant tout affaire de culture générale. Nous avons voulu proposer aux élèves de Terminale suivant cet enseignement de spécialité  des objets de recherche originaux et exigeants, autour des thèmes du programme. Une série de travaux de groupe a été organisée de concert par l’enseignant d’Histoire (M. Bousseyroux) et par les professeurs documentalistes (Mme Trudgett et Mme Veyssière).

1er trimestre 2020-2021 : Autour de la guerre et de la paix : croiser l’écrit et le visuel pour rendre compte des conflits des  XXe et XXIe siècles à partir de témoignages et d’œuvres visuelles, dessinées, picturales ou photographiques.

La panthéonisation de Maurice Genevoix, l’auteur de Ceux de 14, écrit par un jeune normalien précipité au feu est l’occasion de lire ou de relire une inoubliable trilogie qui décrit concrètement la « guerre absolue », la « montée aux extrêmes » théorisées un siècle plus tôt par le stratège prussien Clausewitz. Pourtant, cette puissance d’évocation ne diminue en rien la force et la spécificité de la peinture de guerre, comme celle de Félix Vallotton, peintre de Verdun (1917). Ce que la plume dit ne recouvre pas ce que le pinceau montre ; ce que le lecteur découvre ne recoupe pas ce que le spectateur voit.

De cette constatation, découle la mise en œuvre d’une méthode comparative qui a été appliquée à plusieurs conflits contemporains. Un témoignage écrit a été confronté systématiquement à une peinture ou à une photographie pour comparer des visions de la guerre. Saisissant la guerre « au ras du sol », la lettre et l’image montrent de façon différente certains enjeux de propagande, certaines évolutions des formes de la violence, voire des dynamiques géopolitiques, à la mesure des engagements des écrivains et des artistes.

Travaillant en binômes ou en trinômes, les élèves ont resitué les conflits dans leur contexte, dans leur déroulement et dans le cadre d’analyse que leur offrent les outils de la polémologie (science de la guerre). Ils ont présenté une brève synthèse orale et ont répondu collégialement aux questions des enseignants, ce qui a permis de réaliser un intéressant exercice d’interaction.

2e trimestre 2020-2021 : Autour de l’environnement : réaliser une exposition virtuelle sur le thème « de la nature à l’environnement : représentations artistiques et enjeux politiques en France et aux Etats-Unis de 1760/1850 à 1970/2020.

A partir d’une liste exhaustive d’artistes français et américains, l’exposition virtuelle doit montrer l’évolution de la représentation de la nature, qui privilégie d’abord les scènes de paysage, mais qui, aujourd’hui, inspire les nouveaux courants artistiques du « land art » et de « l’art environnemental. » Cette évolution n’est pas un hasard, dans deux pays tels que la France et les Etats-Unis d’Amérique, qui entretiennent un rapport très particulier avec leurs espaces naturels et les regardent à travers les enjeux économiques, sociaux et politiques de l’environnement.

Les choix des élèves mettront en évidence certaines œuvres et les liens de celles-ci avec leur époque. Ils prendront la forme d’une exposition virtuelle raisonnée et commentée, comme peut l’être une exposition artistique accompagnée de son indispensable catalogue et de son inévitable dossier de presse. Enfin, les élèves devront présenter une œuvre aux professeurs, dans des conditions proches du Grand oral du baccalauréat.

3e trimestre… Des idées ont mûri, mais elles seront dévoilées en temps utile…

Dans tous les cas, ces démarches conduisent à explorer des domaines plus inattendus du savoir et à suivre l’évolution actuelle des sciences humaines qui intègrent dans leur approche la dimension esthétique et la question des représentations. Le regard sur les thématiques des programmes se décentre et va vers les acteurs qui vivent et éprouvent les enjeux  abordés de façon plus théorique dans les cours.

En outre, ces travaux permettent de développer des compétences dont la maîtrise s’avèrera indispensable dans l’enseignement supérieur : savoir utiliser les ressources des bibliothèques et leurs ouvrages, généraux ou spécialisés, savoir effectuer une recherche documentaire d’ampleur, en mettant la collecte d’informations au service d’une problématique, savoir découvrir de façon méthodique des sujets  inconnus et savoir constituer un stock de connaissances dans lesquelles le hasard a aussi sa place… Cela s’appelle la sérendipité, comme l’a expliqué Mme Trudgett aux élèves, lors de la séance de présentation de cette activité…

Cela aussi, c’est de la culture générale….

Pascal Bousseyroux