Lettres de Gabriel et Henri Poumier

Lettre du 7 décembre 1913 de Gabriel Poumier

Angoulême, le 7 décembre 1913

Chers parents,

Je répond à votre lettre qui m’a fait un grand plaisir. Chers parents je vous disais dans ma lettre que j’étais que servant parce que en arrivant l’on m’avait mit servant mais maintenant l’on m’a changé et l’on m’a mis conducteur, c’est bien plus pénible que servant parce qu’il nous faut faire la manœuvre à pied comme les servants, puis après la soupe, on monte à cheval et on fait un peu de tape-cul pendant 2 heures mais c’est mon goût. Avant de partir pour le régiment, tout le monde me conseille de suivre le peloton, j’ai demandé à le suivre, si j’avais pas eu un camarade qui le suive je n’aurais pas demandé mais j’ai un camarade de la Creuse, nous sommes toujours ensemble, qui le suit et c’est ce qui m’a bien décidé.

Vous me dites de vous dire ce qu’est devenu Mestre, il n’est plus à Angoulême, il est à la Braconne moi je ne l’ai pas vu mais Poumier l’a vu et il lui a dit qu’il allait à la Braconne, moi et Poumier nous nous voyons souvent et vous pouvez pensez que nous sommes content lorsque nous nous trouvons. Nous y sommes bien nombreux de la Corrèze. Vous me dites que vous n’avez vendus les bœufs que 926 francs et la vache 190 franc, ça fait que vous ne gagnez pas beaucoup.

J’ai écris à mon parrain le 5 mais je n’ai pas pu lui dire le nom de tous nos sous-officiers car je ne le savais pas. Angoulême ne fait pas bien beau temps il y pleut quelque peu ce qui nous donne bien du travail car la boue s’attrape facilement et pour la faire partir il faut bien frotter. Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment.

Embrassez bien pour moi bonne maman, la tata, mes frères et mes sœurs sans oubliez les amis du village.

Je termine ma lettre en vous embrassant de tout mon cœur.

Votre fils qui vous aime.

Poumier Gabriel (1er Batterie au 52è régiment d’artillerie à Angoulême – Charente)

Vous me direz si Pierre Fournial est toujours avec ses parents ou comment.

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Lettre du 8 juin 1914 de Gabriel Poumier

Angoulême le 8 juin 1914

Chers parents,

Je vous écris ces quelques lignes pour vous donnez de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes et espère que vous êtes de même. J’espère que mon frère Jules va mieux de son doigt mais il ne doit pas encore travailler.

Je m’en vais vous dire chers parents que la première batterie va à la Courtine par le train mais peut être que moi j’irai par étape car il faut des hommes pour aller compléter la troisième batterie et peut être que moi j’en serai un ça ne me fait pas de peine car moi j’aime bien mieux y aller par étape que par le train quoique par étape il ne fera pas bien bon cette année car s’il ne pleut pas ça fera trop de poussière. Si je vais compléter la 3ème batterie, je partirai samedi 13 juin mais je ne sais pas ou on passera.

Il est rentré beaucoup de réservistes, il doit bien y en avoir du pays mais je ne les connais pas, ne connais que Moryanel qui reste bien du côté de Pierrefitte et il m’a dit qu’il croyait qu’Eugène de la monerie était à la Braconne, vous me le direz dans votre prochaine lettre.

Je pense bien que vous avez déjà demandé cette permission d’été, est ce que c’est vous autres qui avaient fait la demande ou en avez parlé à M. Didalin.

Je pense qu’Elisa doit aller un petit peu mieux mais peut être elle n’est plus à Fouganet.

Je ne vais plus rien à vous dire pour le moment.

Je termine ma lettre en vous embrassant de cœur sans oublier mes frères et mes sœurs bonne maman et tata.

Je termine ma lettre.

Votre fils.

Gabriel

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Lettre du 12 juillet 1914 de Gabriel Poumier

La Courtine, le 12 juillet 1914

Chers parents,

Aujourd’hui dimanche, je vous écris ces quelques lignes pour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes pour le moment et espère que ma lettre vous trouvera vous aussi tous en bonne santé. Je vous avais écrit en arrivant à la Courtine mais n’ayant pas eu de réponse j’ai voulu vous écrire de nouveau en pensant que vous n’aviez pas reçu ma lettre ou bien si vous étiez quelqu’un de malade. Je peux vous dire qu’à la Courtine ce n’est pas la si bonne vie comme à Angoulême on fait beaucoup plus de marche. On marche tous les jours, on part le matin à 4 heures du matin et bien souvent on ne revient qu’à 2 heures de l’après-midi pour repartir vers les 7 heures du soir pour le tir de nuit on ne revient qu’à minuit. Mais j’espère que cette vie va bientôt finir, je crois qu’on repart le 18 juillet il faut que je m’en aille par étape ce n’est pas la bonne vie d’après ce que m’ont dit ceux qui y sont venu.

Je pense que vous avez presque fini de retirer les foins avec le beau temps qu’il a fait mais le métayer doit bien en avoir encore à retirer car s’il n’y a que les deux fils ils doivent bien avoir quelque chose à remuer. Le métayer doit avoir du mieux mais il ne doit pas travailler encore. J’espère que chez le tonton ça doit bien mieux aller car si ça n’allait pas mieux vous me l’auriez bien fait savoir, vous leur direz bien le bonjour de ma part.

Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment qu’à la Courtine il fait un beau temps précieux et je crois qu’il doit faire le même temps là-bas.

Je termine ma lettre en vous embrassant de cœur sans oublier mes frères et mes sœurs bonne maman et tata.

Votre fils qui vous embrasse de cœur.

Gabriel (au 52è reg. D’art. 1Ere bat. Au camp de la Courtine – Creuse)


Lettre du 24 décembre 1914 d’Henri Poumier

Jeudi 24 décembre 1914

Chers parents,

Bien qu’éloigné de vous je ne veux pas laisser passer ce nouvel an sans vous exprimez mes vœux et souhaits de bonne année, je pense que ce papier vous fera ce que je ne peux pas dire de vive voix mais il faut espérer que ça sera sans tarder.

Je prie Dieu de tout mon cœur afin que l’année que nous allons commencer soit pour vous une année de joie et de bonheur non comme celle que nous venons d’achever.

Et espérez que vous aurez le plaisir de voir rentrer ceux que vous appelez vos disparus sains et saufs et qui seront contents d’avoir déployé leurs forces pour venger l’honneur de la France menacée.

Nous sommes toujours dans le même patelin et voudrions y rester longtemps si les choses avançaient quand même.

J’écris en même temps aux M. Madranges qu’à vous.

Ce matin nous avons eu de la neige mais elle n’a pas durée, il en reste pas du tout.

Je suis toujours en bonne santé et désire que ma lettre vous trouve de même.

Embrassez bien fort bonne maman, tante, frère et sœurs et exprimés leurs les vœux que je forme envers eux.

Dites à grand-mère que je pense souvent à elle et prie Dieu qu’il nous la conserve car pour moi c’est une consolation.

Recevez cher père et chère mère, les vœux de votre fils qui vous embrasse. Embrasser aussi le petit Georges.

Henri Poumier

Bien des choses pour les voisins.


Lettre du 9 août 1915 de Gabriel Poumier

Lundi 9 août 1915

Chers parents,

Je ne mets pas de retard pour répondre à votre lettre qui m’a fait un grand plaisir en m’apprenant que vous aviez fini de moissonner. Je vois que le travail marche assez quoique il manque beaucoup de bras. Je pense que vous devez tous être contents car vous devez être bien fatiguer.

Vous me dites que vous n’avez pas encore pris de métayer j’ai bien peur que vous en trouviez pas car ils doivent être rares et bien difficiles.

Je vois Poumier assez souvent, il est toujours en bonne santé et vous envoie bien le bonjour. Quand à ma permission, je ne sais pas quand elle me sera accordée, je ne crois pas partir encore. J’ai reçu une lettre de mon frère dans laquelle il me disait être en bonne santé. Quand vous m’écrirez vous ne me parlerais pas de l’endroit ou je me trouve car c’est défendu de le dire. Vous me direz ou qu’ils sont envoyer ces jeunes soldats qui partent ces temps-ci.

Je ne vois plus rien à vous dire pour le moment que je suis toujours en bonne santé et désire que ma lettre vous trouve tous de même.

Je termine en vous embrassant de tout mon cœur sans oublier mon frère et mes sœurs bonne maman et tata et bien le bonjour aux voisins.

Envoyez moi un peu d’argent car ça commence de s’épuiser.

Votre fils qui vous aime et vous embrasse bien fort.

Gabriel Poumier au 52è d’art. 1E batterie – Secteur postal n°88.


Lettre du 14 novembre 1916 de Gabriel Poumier

14 novembre 1916

Chers parents,

Je voulais vous écrire tous ces jours-ci mais comme vous me disiez sur votre dernière lettre que vous m’avez envoyé un colis, j’attendais de l’avoir reçu pour vous en accuser réception. Je l’ai reçu hier il était un peu écrasé mais je pense bien qu’il n’avait rien de perdu. Il y avait une serviette, un morceau de beurre et un fromage et les châtaignes qui étaient toutes en miettes.

J’ai reçu une lettre de mon frère hier, il me disait être toujours en bonne santé mais me disait qu’il travaillait beaucoup pour monter des baraquements.

Je suis dans un endroit pas trop bon, on ne trouve presque rien à acheter et le travail nous manque pas, nous marchons presque toutes les nuits et nous sommes dans la boue jusqu’aux genoux.

Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment. Je suis toujours en bonne santé et pense que vous êtes tous de même.

Je termine en vous embrassant de tout mon cœur ainsi que mon frère et mes sœurs bonne maman et tata et bonjour à tous les voisins sans oublier le facteur.

Votre fils qui vous aime et vous embrasse bien fort.

Bonjour de Brousse et de Cueille.

Gabriel (52è d’art. 1e batterie – Secteur 88)


Lettre du 27 octobre 1918 de Gabriel Poumier

27 octobre 1918

Chers parents,

Je prends un petit moment de plaisir pour vous tracer ces quelques lignes afin de vous faire savoir que je suis toujours en bonne santé et pense que ma lettre vous trouvera tous de même qu’elle me quitte.

J’ai reçu une lettre d’Henri hier dans laquelle il me disait qu’il pensait partir en perme à la fin de la semaine, je pense qu’en ce moment il est auprès de vous je serais bien heureux de m’y rencontrer en même temps mais ça m’est impossible, je pense que partir dans une quinzaine de jours.

Voilà quelques jours que je n’ai pas vu Pinet car en ce moment nous sommes en lignes et lui ne nous a pas suivi.

Je pense que Ceuille aura été vous voir, s’il n’est pas parti quand vous recevrez ma lettre vous lui donnerez un petit colis de beurre si vous avez du lait.

Plus rien à vous dire.

Je vous quitte en vous embrassant de tout cœur ainsi que mes frères et mes sœurs bonne maman et tata et bonjour au facteur.

Votre fils qui vous aime.

Gabriel