Mémoire vive

J’estime le devoir de mémoire important. J’estime le passé, et l’histoire, importants. C’est pour cela que j’ai choisi de faire ce voyage à Cracovie en Pologne. Après un jour de voyage intensif, et une petite visite dans la ville de Cracovie, nous allons visiter, le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz Birkenau. Nous sommes arrivés alors devant la fameuse grille, où les lettres en fer forgé dominent encore, « Le travail rend libre », l’ironie du sort. Nous voilà alors dans ce camp de concentration, où les blocks en brique sont alignés aux millimètres près, intacts. Il est dur de s’imaginer qu’il n’y a pas si longtemps des hommes, des femmes, des enfants se sont acharnés au travail avec un espoir de survivre quelques jours, quelques heures, quelques minutes de plus, la peur, la faim au ventre.

Des cheveux, des chaussures, des habits, des biens précieux (valises, casseroles, photos de familles…) de Juifs sont entassés dans des vitrines, attendant que leurs propriétaires reviennent du ciel. Des lettres, des documents nazis, des photographies sont affichés dans des salles d’exposition. Des portraits de femmes, d’enfants, squelettiques, émaciés comme jamais je n’aurais pu l’ imaginer, sont affichés dans ce qui était un block. Les cellules de prison, la cour (mur des exécutions) où l’on abattait des Juifs de sang-froid, me fait froid dans le dos. Nous avons pu observer les habits des détenus, des habits d’une toile très fine, été comme hiver.

Crédit photo : © C. Santiago

Nous avons vu également une chambre à gaz (Auschwitz I), dont les murs sont marqués de griffures de douleurs de Juifs mourant puis les fours crématoires, l’incarnation de la cruauté, et de l’inhumanité.

Crédit photo : © F. Hamel

L’après – midi, nous sommes allés à Birkenau (Auschwitz II), où les barbelés et les baraquements courent à perte de vue. Les rails qui menaient vers un destin tragique, vers la mort et l’horreur sont toujours là. Les conditions de vie du camp sont indescriptibles, les mots manquent pour définir une telle abomination. Le Mémorial est couvert de bougies, et nous met en garde en 42 langues « Que ce lieu où les Nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes, d’enfants en majorité des Juifs de divers pays d’Europe soit à jamais pour l’humanité, un cri de désespoir et un avertissement ».

Les chambres à gaz détruites à la dynamite par les Nazis fuyant l’armée soviétique sont alignés, là où 1 100 000 humains ont péri à cause d’une férocité sans faille. Un sentiment étrange m’a envahie de voir ce que l’on apprend en classe en vrai, me confrontant à une réalité cauchemardesque, gardant cet avertissement dans le cœur à jamais. Cette expérience était riche en histoire, tant en connaissances, qu’en émotions.

Le jour d’après nous sommes allés au Mémorial du ghetto, où soixante-cinq chaises symbolisent les soixante-cinq mille Juifs enfermés dans le ghetto de Cracovie. Ensuite nous sommes allés voir le reste de mur du ghetto qui existe encore, en forme de stèles, les Nazis ont réussi à pousser le vice jusqu’à l’extrême, les enfermant dans leur propre tombeau. Nous avons visité le quartier juif Kazimierz.

Crédit photo : © V. Bonnet-Généraud

Nous avons également pu voir l’usine d’Oskar Schindler transformée en musée sur l’histoire de Cracovie pendant la Seconde Guerre mondiale, et sur Oskar Schindler lui-même. Cette visite s’est avérée très intéressante, elle nous a permis de mieux comprendre avec des images, des tenues, des objets qu’ils restent de la guerre, ce qu’on a étudié en classe.

Crédit photo : © V. Bonnet-Généraud

Dès qu’il s’agit de la Shoah, des génocides, je suis toujours très émue. Ces histoires résonnent profondément en moi. Le racisme, l’injustice, la barbarie… l’inhumanité. J’ai toujours été attirée par les films, les histoires, les documentaires, les récits sur la Shoah car je suis fascinée et je n’arrive pas à comprendre, à accepter, à imaginer cette horreur. En fait, je crois que je regarde ces films, ces témoignages, ces documents terribles parce qu’ il ne faut pas oublier. En aucun cas, je ne veux l’oublier.

Ne jamais oublier ce dont est capable l’être humain pour ne pas le revivre à nouveau. Ainsi faire ce voyage était une évidence pour moi.