INsideOUT est out

JR a prêté une de ses photos pour créer l’affiche du Printemps des Poète, sur le thème « Frontières » : l’idée germe aussitôt, autour de la notion de frontières (importance du pluriel). Nous sommes faits de frontières, nous en érigeons, nous en déplaçons, nous en effaçons, nous en subissons. Une limite nous enferme, si nous la craignons, nous libère, si nous la cherchons. « inside out » veut dire « à l’envers », mais il faut le comprendre ici littéralement comme « dedans dehors » : ce qui est à l’intérieur se montre à l’extérieur, ce qui est enfermé se libère, ce qui est caché s’affiche. Notre projet INsideOUT parlera des frontières de l’école, des limites du collège, de notre envie et de notre capacité à faire bouger certaines de nos lignes personnelles.

« J’ai franchi ma frontière ! Il faut oser se laisser surprendre, se découvrir autre, apprendre de l’autre, se laisser guider vers l’inconnu qui fait peur »- Emilie

En utilisant le format le plus impersonnel de la photographie (celui de la photo d’identité), chacun pourra réaliser un portrait le plus personnel possible, le plus expressif de ce qu’il est en tant qu’individu (un portrait d’identité), et le mettra au service d’un affichage collectif :  l’école ne doit pas être un lieu clos, pas un espace replié sur lui-même, pas une frontière hermétique. Ce qu’il y a dedans (Inside) est précieux et s’offrira à ce qu’il y a dehors (Out). Ce qu’il y a dedans, c’est nous (élèves et adultes), et chacun peut offrir ce qu’il est à l’autre : un portrait expressif, unique et multiple.

« En voyant nos portraits, je suis fière de moi, de ce que j’ai osé faire… Cela nous a tous fait grandir ! » – Julie

L’exposition sera muette (pas de texte, pas d’explication, pas de mot : juste les portraits), mais la préparation a été très orale : mes élèves, en groupes, sont allés à la rencontre des autres élèves et de leurs professeurs, pour présenter le projet. Etape importante : il s’agit de convaincre l’autre autant que soi, d’éclairer le projet avec ses propres mots, ses propres questions, ses peurs, ses envies. Une première surprise : les réticences sont fortes, très fortes, parce la crainte des réseaux sociaux est énorme. Raison de plus pour se battre : je décide de mes limites, je ne laisse pas un collectif anonyme dire ce que je dois être.

« Quand j’ai vu notre collège recouvert de portraits, je me suis dit qu’il était unique ! Je suis fière d’être sur ces grilles, car ce projet m’a permis de me libérer, de me dépasser » – Louise

Une deuxième surprise : ce ne sont pas les élèves les plus extravertis qui adhèrent au projet, mais les discrets, les timides, les invisibles ; ceux-là ont envie de se montrer, en grand, en nombre, en sourires bienveillants. Troisième surprise : une peur évidente du coté des parents, mais de quoi… ?

« Quand nous aurons enfin compris que ce qui nous plaît et que l’on aime, il faut le faire, sans être guidé par le regard des autres, nous aurons réussi ! » Elsa

Photographie, noir et blanc, 120 portraits : préparer la séance photo, comprendre qu’il ne suffit pas d’appuyer sur le déclencheur, prendre tout le temps nécessaire, bancher un écran de contrôle pour que chaque cliché soit immédiatement vu par l’autre, ce qui n’affaiblira en rien l’impact de l’exposition : chacun a vu son portrait sur l’écran de contrôle, tous ont été surpris, émerveillés, subjugués par le tirage de leur portrait géant affiché dans la rue.

Pendant ces jours entre la séance photo et l’accrochage, une évidence pointe son nez : l’InsideOut, ce n’est pas seulement ce collectif fait d’individus, c’est aussi un regard que chacun a pu porter sur soi, et sur l’autre, un intime qui échappe à l’image, mais qui est pourtant bien là.

Parce que je ne m’étais pas rendu compte de la taille des portraits, quand ils sont arrivés, j’ai eu peur… Mais, dès qu’ils ont été accrochés, contre toute attente, j’ai souri ! J’ai souri en voyant cette chaine de portraits impressionnante ! J’ai souri en découvrant tous ces visages expressifs : J’ai souri, enfin, devant mon portrait ! Et j’ai eu un déclic : j’ai compris que j’étais indifférente aux jugements des autres… Charlotte

Être patient, une fois l’exposition accrochée : les passants tournent la tête, les voitures ralentissent, mais on aimerait que le monde de la ville s’arrête, que tout s’immobilise, que chacune prenne le temps de voir. Mais là est une autre découverte : en offrant à voir, on provoque une réticence : qu’est-ce que c’est ? Qui a fait cela ? Que me veut-on ? On ralentit, mais on ne s’arrête pas, pas tout de suite. Il faudra quelques (longs !) jours, des échanges informels, des questions, des commentaires sur les réseaux et en famille, pour que l’action porte vraiment. Car cela porte vraiment, l’impact est là, dans la durée.

« Au départ, j’étais gênée de me dire que tout le monde allait me voir ; aujourd’hui, je vois que les plus gênés sont ceux qui n’ont pas leur portrait affiché… » Anaelle

15 jours d’exposition, et le pari fait de la bienveillance paie : très peu de dégradations (deux ou trois dessins ou inscriptions sans imagination, deux ou trois bouts d’oreille arrachés), et des portraits sur carton qui ont fièrement résisté aux orages violents.

Ceux qui l’ont voulu sont repartis avec leur portrait sous le bras : ce qu’ils emportent est surement bien plus que leur simple image.

« Chacun pense qu’il est le centre du monde et que le monde entier le regarde, mais chacun n’est en fait que le centre de lui-même, et doit apprendre à regarder le monde » Antonin C

 

INsideOUT est une clé, qui ouvre bien des portes…

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