Le 9 juin 1944, la division allemande « Das Reich » est arrivée à Tulle et a pendu 99 personnes.

141 personnes ont été déportées ; 101 d’entre elles ne sont jamais revenues.

Aujourd’hui 28 mars, nous avons pu interviewer M. Diederichs, dont le père a fait partie des personnes qui ne revinrent jamais.

 Nous lui avons posé quelques questions à propos de son enfance et des évènements qui ont suivi le 9 juin 1944. Voici ce que nous en avons retenu :

M. Diederichs, actuel Conseiller Général du canton de Tulle-Nord, est né le 1er août 1939. Il avait presque 5 ans lorsque les évènements du 9 juin se sont produits.

 Ses souvenirs de ce jour sont relativement partiels et apparaissent plutôt comme des « flashs ».

Il est assez difficile pour lui de séparer ses souvenirs de ce qu’on a pu dire ou ressentir dans son entourage.

 

En revanche, il garde un souvenir assez précis de la matinée de ce 9 juin : « J’étais en train de déjeuner, quand est arrivé un soldat allemand qui venait attacher une corde au balcon de l’appartement. »

A ce moment-là, sa famille et lui ne comprennent pas ce que cela allait signifier.

Son père ayant « échappé » à la pendaison, fut déporté le lendemain vers le camp de concentration d’Hersbruck où il mourut l’année suivante du typhus.

Sa famille n’ apprit son décès qu’à la libération des camps, en 1945. M. Diederichs était alors âgé de 5 ans.

 

Ces épreuves-là, il  réussit à les surmonter, peut-être grâce à une certaine aisance et à une grande protection de la part de sa famille.

 

Durant cette interview, nous lui avons posé une question essentielle :

« Pendant votre enfance, après la mort tragique de votre père, avez-vous pu facilement différencier le régime nazi de celui de l’Allemagne démocratique ? »

 

Cette question, nous dit-il, est très importante à ses yeux.

En effet, après le massacre à Tulle les habitants considéraient que le peuple allemand tout entier était coupable. Mais sa perception et celle de sa famille n’était, malgré la mort de son père, pas la même. Durant ses études, l’allemand comptait beaucoup pour lui et pour sa mère ; c’est pourquoi en classe de seconde, il a participé à un échange franco-allemand avec un correspondant d’une ville proche de Francfort.

Au fur et à mesure des années une certaine confiance s’est établie entre les habitants de Tulle et l’Allemagne. C’est pourquoi, en 1969, des anciens résistants ont insisté pour créer un jumelage entre Tulle et Schorndorf.

 

C’est avec cette dernière question que nous avons conclu l’interview :

« Est-ce que votre engagement politique et social humaniste a été en partie déterminé par la déportation de votre père et par les violences commises par les nazis ? »

 

Cette question l’a beaucoup intéressé, aussi, il nous a avoué se l’être déjà posée, sans toutefois avoir su y répondre. Il nous a expliqué que, pendant ses jeunes années, il avait « tourné la page ». Il dit avoir commencé la politique pour lutter contre le racisme. Il juge cette idéologie complètement affreuse.

Il ajoute enfin que, s’il méprise autant le racisme, c’est peut-être inconsciemment à cause de la mort de son père, due à l’antisémitisme.

 

C’est dans les moments de crise que ressurgissent les propos racistes, xénophobes et antisémites et c’est à chacun de nous de faire attention à notre comportement en société.

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Photo C. DELMAS

J. B. Le Louette et L. Chevalier