L’ordre d’arrestation

Comment Vichy met-elle en oeuvre l’arrestation des juifs étrangers en zone non occupée ?

Le 5 août 1942, Vichy lance la procédure d’arrestation des Juifs étrangers en Zone libre.
Pour préparer la grande rafle de la zone libre, Henri Cado, directeur général adjoint au secrétaire général à la Police de l’État français, sur instructions de Bousquet, adresse aux préfets régionaux une lettre détaillée et confidentielle qui définit les Juifs à arrêter. Sont concernés les Juifs étrangers appartenant au Reich (Juifs allemands, autrichiens et tchécoslovaques), ceux des territoires vaincus à l’Est (juifs de Pologne, des pays baltes, et d’URSS). Doivent être arrêtés les juifs de ces nationalités entrés en France après le 1er janvier 1936.
Il existe cependant des exemptions au nombre de onze, qui peuvent être regroupés en trois catégories.
– L’âge : ceux ou celles qui ont plus de 60 ans, les
enfants de moins de 18 ans seuls, et les enfants de
moins de cinq ans (et également les parents).
– L’état de santé : les femmes enceintes, les personnes
intransportables.
– Les services rendus à la France :avoir combattu dans
l’armée française ou alliée, être utile à l’économie nationale, et ceux reconnus par leur talent (artistiques ou scientifiques).

Instructions de l’État français – Cado – ADC 147w4812

Le 19 août, ces onze situations d’exemption sont réduites et ramenées à six.

6 cas d’exemption le 19 août 1942

Cette limitation aura des conséquences tragiques.
– La date d’entrée en France comme condition d’arrestation, est modifiée et avancée à 1933. Dix personnes supplémentaires entrées en France entre 1933 et 1936 seront arrêtées.
– La suppression de l’exemption des enfants non accompagnés de moins de 18 ans est supprimée. Dès lors, six élèves de l’école pratique de Brive, tous âgés entre 16 et 17 ans peuvent être arrêtés. ce qui sera fait le 26 août. Le seul survivant de ce groupe est Ludwig Sheucher.

– Marguerite Kreis, mariée à Charles Wilder, en possession d’un certificat médical qui indique qu’elle est enceinte de deux mois, se voit également déportée parce que sa situation ne correspond plus à l’exemption ainsi modifiée : « femmes en état de grossesse apparente ».

Fiche individuelle, 26 août 1942, camp de transit, ENP Egletons
Arch. dep. de la Corrèze.

Benjamin Cheuzeville, Othilie Lonjou, Laurine Thibeaux