Les 26 et 27 août 1942

Que se passe-t-il les 26 et 27 août 1942 à l’ENP ?

Les Juifs étrangers arrêtés à partir de quatre heures, c’est-dire au petit matin, du 26 août dans toute la Corrèze sont conduits à l’ENP. Le camp est surveillé par des gardes mobiles. La police va jouer son rôle, celui de vérifier la situation individuelle de chacun des Juifs arrêtés. Sont aussi présentes des personnes qui appartiennent à la Croix-Rouge française pour apporter un soutien moral.

Le camp d’Egletons est un camp de triage qui sert à vérifier la situation ad- ministrative, familiale ou sanitaire et où la décision est prise de déporter ou non les Juifs étrangers entrés en France vers la Zone Occupée, vers Drancy, via Nexon en haute Vienne. C’est le dernier moment pour les Juifs d’essayer d’échapper au sort qui les attend et qu’ils connaissent. Ils savent au moins que c’est un départ vers la Pologne, comme l’avait fait savoir trois jours auparavant le commandant Garnier au Rabbin Deutsch qui avait accompagné les TE déportés le 23 août jusqu’à la gare d’Egletons.

Rapport du Rabbin Deutsch, Archives du Mémorial de la Shoah, Paris

Ces fiches individuelles doivent être remplies par le chef de famille, c’est-à-dire le mari. Le questionnaire, tel qu’il est organisé correspond aux onze critères de la circulaire du 5 août, réduits à six le 19 août 1942. Les personnes arrêtées ont complété avec beaucoup de soin ces fiches qui pouvaient leur permettre une possible libération. Outre l’état civil, la composition de la famille, la date d’entrée en France, les juifs ont apporté des précisions sur leur état de santé, sur leurs états de services militaires, ou s’ils le peuvent sur leurs titres civils, c’est-à-dire sur leur rôle dans l’économie française afin d’échapper aux arrestations.

À l’issue de ces deux jours de vérification, plusieurs per- sonnes ont été libérées. 

Certains sont d’une nationalité qui leur permet d’échapper à la déportation. François Freund, hongrois, ou Héléna Helmann, belge, et son fils Paul, sont ainsi libérés. 
 D’autres bénficient d’une exemption pour des services rendus à la France. Dans ce cas, l’ensemble de la famille est libérée. Certains ont combattu durant la première guerre mondiale ou au début de la seconde guerre mon- diale dans l’armée française ou l’armée d’un pays allié.

Liste des personnes exemptées à l’issue du criblage à l’ENP.
Arch. dep. de la Corrèze.

Cependant, la majorité des personnes arrêtées sont conduites le lendemain à Nexon et partiront le 29 août pour Drancy. Le 31 août, elles font partie du convoi N°26 à destination de Auschwitz-Birkenau.

Othilie Lonjou, Laurine Thiebaux.