Le Picasso du mouchoir

Je suis le Picasso du mouchoir en arts plastiques, la trompette de la fanfare en cours de musique, le pot d’échappement sur la fiche de techno, les roulements de tambour du cours de cirque en EPS, le pachyderme rugissant de la SVT, et la nitroglycérine du labo de Chimie! Comment puis-je faire tout cela, me direz-vous? Avec mon nez…

Je vais vous raconter une histoire édifiante, incroyable, tragique (mais qui finit bien!) : celle  de mon mouchoir, un simple morceau de papier jetable qui aurait pu provoquer la perte d’un élève exemplaire.

« Interdiction de se moucher! » : j’ai eu beau chercher, je n’ai jamais trouvé ces mots dans le règlement intérieur du collège. Et pourtant…

Je suis enrhumé, tout le temps, chaque jour, mais je me soigne : je me mouche!

On me surnomme Elephant-Man, pas parce que je serais difforme (non, j’ai même du succès auprès des filles, du moins tant qu’elle ne voit pas mon mouchoir…), mais parce que, pour chaque mouchoir que j’utilise, le bruit  que je produis nous transporte tous immédiatement dans la savane : quand le seigneur d’Afrique barrit , et les élèves-gazelles se planque sous les tables!

Donc, ce jour-là, en cours de SVT, je me mouche, comme dans tous les autres cours, tous les jours… Étais-je plus enrhumé que d’habitude? Mon professeur enrage :  » Si tu ne t’arrêtes pas, tu vas dehors! » Je ne réponds pas, car je suis poli, mais je trouve curieux qu’après avoir étudié les bactéries, on me demande de garder tout ça tranquillement dans mon nez… On fait un contrôle : je n’ai pas envie d’être exclu de cours.

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Comme je ne me mouche pas,  je commence à renifler. Cette fois, c’est mon voisin que j’importune :  » Arrête tes bruits de cochon farfouillant dans son auge, ou je vais le dire au prof! » En deux minutes, grâce à mon nez, on est passé de la savane à la ferme de Corrèze : il ne doit pas aimer voyager… Le professeur non plus, d’ailleurs :  » Arrête de renifler! C’est insupportable, on ne s’entend plus penser! ».

Je ne me mouche plus, je ne renifle plus : ça se met à couler de mon nez… C’est à la fois liquide et gluant, ça chatouille : j’éternue! Coup de canon sur le champ de bataille : des projectiles baveux atterrissent sur la copie de mon voisin! Avant qu’il réagisse, je sors mon mouchoir et tente d’essuyer son devoir : ça s’étale, ça dilue l’encre, ça efface les beaux schémas qu’il avait faits (il faut vous dire que c’est un très bon élève, toujours premier en SVT…). Il n’a même pas le temps de réagir que le professeur surgit à côté de la table et s’empare de sa copie : la sonnerie retentit, le professeur a les doigts pleins de morve et le visage rouge de colère, mon voisin est frappé de stupeur, je suis déjà dans le couloir : il faut que je profite de la récréation pour me moucher!

La semaine suivante, le professeur rend les contrôles : mon voisin obtient 0/20, ses parents sont convoqués, personne ne croit à son histoire d’un éléphant contrarié par un cochon qui aurait déclaré la guerre à sa feuille…

Il aurait pu mal finir, à cause de cette histoire, refuser de travailler, devenir rebelle, se faire renvoyer du collège et finir dans la plus noire des misères. Mais il a su réagir, a remonté sa moyenne, et a fini l’année avec les félicitations.

Aujourd’hui, il est devenu professeur de SVT, et un panneau trône sur la porte de sa classe : « Interdit aux pachydermes et aux phacochères! »

François MACIAS (5ème)

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