Dix Petits pucerons

New ImageChose promise , chose due… Cette semaine, nouveau clin d’œil aux Dix Petits nègres d’Agatha Christie. Un récit de Victor Martins (4e4)

C’était un jour comme les autres, si ce n’est qu’il n y avait aucun nuage dans le ciel. Les gelées matinales avaient disparu pour laisser place au concert printanier des oiseaux.
Dix petites larves avaient éclos cette nuit-là et dix jeunes pucerons, noirs comme l’ébène, se mirent en quête d’un lieu hospitalier.
Au bout de quelques heures, la colonie arriva enfin a destination : le jardin, qui s’étalait sous leurs yeux, était un véritable océan de verdure. Le voyage ayant été harassant, les jeunes explorateurs allèrent se coucher.
Aux premières lueurs de l’aube, un cri retentit. C’était celui de John Gordon Mac Arthur (et oui, il est d’usage, chez les pucerons, de naître prénommé comme un humain). Anthony James Marston et Ethel Rogers avaient disparu pendant la nuit. Tous pensèrent qu’ils avaient dû avoir un accident de « puceromobile » en allant chercher du bois au petit matin (les pucerons aiment prendre un repas chaud à leur réveil).
Petit point blanc, elle attend
Petit point rouge, elle bouge
Petit point noir…
Le jeune Mac Arthur, qui avait tendance à se prendre pour le général, demanda à Thomas Rogers de l’accompagner et tous deux partirent à leur recherche. La journée s’écoula lentement et, quand ce fut l’heure du dîner, Philip Lombard, de sa voie rauque, appela tout le petit groupe à se joindre à lui.
Quand tout le monde fut attablé, Emilie Brent décida de distribuer les pull-overs qu’elle avait passé la journée à tricoter. Quand elle les eut distribués, elle remarque qu’il en restait deux. De nouveau, chacun connut la peur : désormais quatre d’entre eux manquaient à l’appel.
Petit point blanc, elle attend
Petit point rouge, elle bouge
Petit point noir…
William Henri Blore, qui avait une âme de détective, forma une équipe composée de Lawrence John Wargrave, Edward George Armstrong (au cas où ils trouveraient des blessés) et Véra Elisabeth Claythorne. Ils partirent sur la champ en jurant de ne pas revenir bredouilles. Chemin faisant, l’angoisse montait : craquements, frôlements, mystérieux chuchotis… Mais Blore était têtu comme une mule : il ne renoncerait pas.
Le jour se leva et Emilie restée au camp en compagnie de Philip, n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Elle récitait des prières en boucle : « Mon Dieu ! Faites qu’ils reviennent ! Personne ne peut survivre dans cette immense jungle ! ». Elle se sentait d’autant plus seule que Lombard avait sombré dans un profond sommeil après avoir englouti les repas des disparus.
Petit point blanc, elle attend
Petit point rouge, elle bouge
Petit point noir…
Soudain, elle entendit un bruit qui n’avait rien d’imaginaire. Devant elle, surgit de la brume matinale un monstre énorme. Elle hurla et Philip se réveilla en sursaut. Ils étaient horrifiés. Le monstre était tellement grand qu’ils n’en percevaient pas tous les contours.
Les dernières choses qu’ils virent furent d’énormes mandibules se refermer sur eux.
Petit point blanc, elle attend
Petit point rouge, elle bouge
Petit point noir…Au revoir !

Les imprudents avaient établi leur campement au pied d’un rosier, terrain de jeu favori d’une coccinelle amaigrie.