Journée du souvenir des victimes de la déportation.

cnrd2012Deux élèves du collège, Camille Tricard et Célia Huber ont participé dimanche 24 avril 2016 aux cérémonies d’Oradour puis de Saint Junien. A cette occasion, elles ont eu le privilège de lire deux poèmes de déportés que vous pouvez lire après les photos. Merci à elles pour cet engagement citoyen.

MON DIEU

« Je trahirai demain »

« Mon Dieu, je n’ai plus de vêtements sur moi,

je n’ai plus de chaussures,

je n’ai plus de sac, plus de portefeuille, de stylo,

je n’ai plus de nom. On m’a étiquetée 35 282.

je n’ai plus de cheveux,

je n’ai plus de mouchoir,

je n’ai plus les photos de Maman et de mes neveux.

je n’ai plus l’anthologie où chaque jour

dans ma cellule de Fresnes

j’apprenais une poésie.

Je n’ai plus rien.

Mon crâne, mon corps, mes mains sont nues. »

CATHERINE ROUX (déporté à Ravensbruck)

Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.Vous ne savez pas le bout de mon courage. Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.

Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.

Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.

Marianne Cohn, 1943

Stéphane Reix