Le collège c’est ennuyant, on regarde par la fenêtre en espérant que l’horloge accélère ou mieux, que quelque chose fasse qu’on se retrouve loin de cette copie de maths insignifiante. Que tout à coup on ne soit plus obligé, qu’on puisse se rouler dans l’herbe et regarder les étoiles.
Tombée du ciel il y a la fermeture des écoles. On saute de joie, on rigole, c’est les vacances pluvieuses de la chance ! Première semaine on se réveille ou pas, on travaille ou pas. Liberté. On travaille sur ce qui nous intéresse et on laisse le reste avec un sentiment d’accomplissement. On entend ses frères et sœurs pleurer et se battre, on crie un peu en couvrant le son de la radio annonçant des morts et des morts. On secoue la tête, des morts lointains, des chiffres qui ne savent pas vraiment nous atteindre…
Et puis arrive le confinement. On ne peut plus sortir. Nos espoirs de voir nos ami.e.s et de partir à la mer s’envolent. Mais les vacances à la maison c’est bien aussi… Sauf que la maison rétrécit de jour en jour. Les gens ont peur des gens. Confinées ensemble les paroles ne sortent pas, elles s’imprègnent. Les tensions sont vivantes et ricochent sur les murs. On garde sa petite sœur en essayant de faire un atelier peinture comme « la dame de la crèche ». On regarde son frère qui tue son ennui devant l’ordi et on pense à tous ces jeunes les yeux rougis par les jeux vidéo. On ouvre la fenêtre pour comprendre dehors, on applaudit seul, dérisoire effort. On se surprend à repenser au collège, ou on se faisait encore la bise, ou on avait des fous rires avec ses ami.e.s… Puis on bascule : le virus, la mer condamnée, les premiers crocus, la vie et les rayons sont dévalisés. Un quart de l’humanité enfermée, des dauphins à Venise s’installent. Au-dessus des villes chinoises la pollution s’est effacée, certains ont pu découvrir les étoiles.
Maïwen