Confinement jour #13
Un seul message sur Pronote. Ah oui, nous sommes dimanche…
Il neige. Ah oui, c’est le printemps…
Le temps est joueur, il se rit de nous, il s’étire, se pelotonne, nous fait tourner en bourrique.
Avancer les aiguilles d’une heure, dessiner une croix sur le calendrier pour ne pas oublier le jour, le mois, ouvrir mon agenda : demain j’aimerais bien partager une vidéo sur Anne Frank pour mes élèves de quatrième mais y auront-ils tous accès ? Et les 6C, auront-ils réussi à télécharger le fichier son que je leur ai envoyé ? Les questions, à l’image du temps, tourbillonnent. Une prof virtuelle, pas facile… Pas facile de vous imaginer derrière votre écran, d’anticiper les problèmes de logiciels, de téléchargements, de serveurs. Et puis il y a vos messages, ils me rassurent, me réconfortent, donnent un peu plus de sens au travail que je vous envoie, sans jamais être sûre d’avoir été suffisamment explicite dans mes consignes, sans savoir vraiment si je vous en ai donné suffisamment, ou trop.
Tiens, les flocons se sont arrêtés de tomber ! Sirius pointe son nez à la fenêtre et de sa patte toute noire, tape au carreau pour signaler sa présence. Sirius, c’est mon chat. Il n’est pas confiné. Il continue de vadrouiller sans se soucier du calme qui règne depuis treize jours maintenant dans le village. Pas besoin d’attestation de déplacement dérogatoire pour chasser la souris.
Une notification sur mon portable. Tiens, c’est madame Hollocou qui vient aux nouvelles ! Quelle riche idée elle a eue de créer ce blog ! J’imagine monsieur Brouillet au milieu des jouets éparpillés de sa fille, en train d’écouter le concerto pour clarinette de Mozart, histoire de suspendre un instant le temps qu’il ne voit pas passer.
Il manquera une heure à cette journée pour qu’on puisse se rapprocher un peu plus du soleil, pour que demain le jour soit plus long et qu’on profite pleinement de la lumière du printemps. Il manquera des jours au calendrier scolaire cette année.
Je m’accroche, comme beaucoup, à mon écran et à cette heure d’été en attendant de vous retrouver assis plus ou moins sagement dans la salle 17 et de vous entendre râler et bavarder en catimini quand mes cours vous ennuient. Décidément, j’aime l’école, les élèves, les collègues, ce petit monde grouillant d’éclats de rire, d’éclats de vie. J’aurais aimé avancer plus encore les aiguilles de mon horloge ce matin pour me retrouver au matin ensoleillé où nous allons enfin nous retrouver…
Gaëlle Le Luyer
C’est un bien joli texte que celui de Madame Leluyer! Et encore une fois, grâce à ce que je viens de lire, je me dis que je ne regrette pas cette journée supplémentaire de confinement . C’est vrai après tout, on n’aurait pas connu ça, on n’aurait pas connu ça! Vous me suivez? Ce que je veux dire c’est que dans cette période bizarre où tout pourrait paraître oppressant et compliqué, et bien, en fait, il y a plein de moments agréables qu’on n’aurait pas cru connaître ou pas su reconnaître. Moi, par exemple, depuis presque 3 semaines je me promène dans mon jardin tous les matins,tous les après-midi, et c’est fou comme tout bouge, tout s’épanouit, tout se transforme et devient plus joli. Je regarde aussi les oiseaux: c’est marrant, ils font leur manège de printemps!, je lis des livres que j’avais oubliés dans un coin, je regarde des films à des heures improbables, je téléphone à des ami(e)s pas appelé(e)s depuis longtemps, et en me baladant sur internet je découvre un joli texte de Madame Leluyer qui me donne envie d’écrire aussi. Oui, décidément, et curieusement, c’est encore une belle journée. En vérité, le moindre petit moment agréable d’une journée méritait qu’on la vive!
alors…
Profitez bien!
M. Arnaud