La Grande Désillusion

Sorti en 1937, deux ans avant la deuxième guerre mondiale, La Grande Illusion, de Jean Renoir, est une oeuvre complexe : humaniste, mais sombre, ce film donne de la guerre une image à la fois plus humaine, avec des soldats qui partagent des valeurs de fraternité et de respect, mais aussi plus sombre, avec une tonalité fataliste.

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La Grande Illusion sort dans un contexte particulier, en 1937 : à la veille de la deuxième guerre mondiale, lors de la remilitarisation de la Rhénanie, Renoir propose au public une reflexion à partir de la Grande Guerre, de la « Der des Der », cette illusion qu’il dénonce clairement. Les combats sur le front et les tranchées ne sont jamais filmés : le choix est fait de montrer des soldats qui sont « au-dessus » de cette guerre, non seulement parce qu’ils sont dans l’aviation et survole les champs de bataille, mais aussi parce que nous ne les verrons que loin du front, dans les camps de prisonniers. Le but est de montrer à la fois une humanité fondamentale, qui unit des hommes que pourtant devrait éloigner une différence marquée de classe sociale, mais rapproche aussi des ennemis, qui se découvrent des valeurs communes, par-delà les frontières.

La fraternité est essentielle et présente tout au long du film. Trois camarades, Boëldieu (un aristocrate), Maréchal (l’homme du peuple) et Rosenthal (fils d’une riche famille de commerçants juifs immigrés) vont tisser des liens impensables : Rosenthal partage ses colis de nourriture avec tout le groupe de prisonniers; Boëldieu se sacrifiera pour permettre aux deux autres de retrouver la liberté; Maréchal apprendra, grace à eux, à dépasser les barrières qui séparent les hommes. Le spectateur voit alors des hommes, non plus des soldats déshumanisés par la guerre, comme l’affiche (avec son soldat indifférent et mécanique,dans la lignée d’un Métropolis)  le suggère.

Ce message aussi est fondamental dans le film de Renoir : l’humaniste se heurte à une fatalité qui semble plus forte : les préjugés de nationalité partage le camp; l’antisémitisme est montré sans fard; l’ami devra tuer l’ami, parce qu’il est autre. La séquence finale, pleine d’espoir, avec la générosité spontanée de cette femme allemande, et l’amour qui va l’unir à Maréchal, est à l’image du film : Maréchal promet de revenir, pour vivre son amour, mais doit partir, pour finir la guerre…

Un film en noir et blanc, avec ces images superbement contrastées, qui montrent un monde à la fois manichéen et complexe.

 

Pauline MONS (3ème)

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