This is England, ou pourquoi porter des pantalons à sa taille!

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© allocine.fr

This is England (réalisé en 2006) : This is The film dramatique (et anglais!) de l’année. De Thatcher aux pantalons trop grands, en passant par la mode, l’amour et le maquillage, Shane Meadows aborde de nombreux sujets, tous plus vastes les uns que les autres, sans jamais perdre le spectateur.

Angleterre, juillet 1983. Shaun, un jeune garçon âgé de douze ans (le « double » du réalisateur : le film a une part autobiographique reconnu) se bat à l’école, à cause de son pantalon « trop grand » dont les autres élèves se moquent cruellement. Sur le chemin de la maison, il rencontre cinq skinheads : Milky, Pukey, Kez, Gadget et Woody. Ces derniers proposent à Shaun de rejoindre la bande. En vivant leurs cotés, il rencontrera Smell, une fille plus âgée que lui et dont il tombe rapidement amoureux, et Combo un ami d’enfance de Woody, tout juste sorti de prison : ses propos nationalistes et xénophobes séduisent Shaun qui restera avec lui lorsque le groupe se séparera en deux, à cause de cet engagement extrémiste et xénophobe revendiqué par Combo.

Étude du mouvement skinhead et de ses dérives,This is England est aussi la reconstitution réussie d’une époque et d’un univers. Celle des années Thatcher et de la guerre des Malouines, ainsi que de la jeunesse pauvre aux looks extravagants. En 1983, les filles portent des socquettes blanches sur leurs bas résilles, et les garçons, des chemises Ben Sherman sous leurs bretelles. Ils ont la boule à zéro et le pied enveloppés par les fameuses Doc Martens; elles ont des coupes ahurissantes et se maquillent comme des pots de peintures (hommage à Smell et ses looks extravagants!).

Shane Meadows, redonne vie à ces ados un peu « mauvais garçons » (ou « mauvaises filles »), avec un sens du détail très juste : il fut, jadis, l’un d’entre eux. Le réalisateur s’attache à la portée symbolique de leur tenue vestimentaire : plus qu’une mode, elle était une marque d’appartenance au mouvement skinhead, né vingt ans auparavant dans les clubs londoniens de ska et de reggae.

La réception de Shaun prend d’abord l’apparence d’une joyeuse initiation. Sous la protection du chef de bandeWoody, il découvre l’euphorie collective et le plaisir d’être ensemble.Une séquence en particulier exprime à merveille cette euphorie : dans une maison abandonnée, les ados, partis « à la chasse », se déguisent et se livrent à quelques gentilles infractions… Mais l’insouciance ne résiste pas au retour d’un vieux copain devenu Caïd. le pays sortant de la guerre des Malouines, la guerre de Thatcher pour garder des îles qualifiés « d’abandonnées », par certain skinhead, renforce le racisme de ces-derniers. Dans une Angleterre où les immigrants sont accueillis à bras ouverts et où l’on fait la guerre contre des étrangers, forcément, ça dérape: et ça donne des skinheads qui, pour une part, deviennent  extrémistes, racistes et nationalistes, comme Combo (Stephen Graham). Sournoisement, un discours de haine recouvre alors le chahut bon enfant. Les bastonnades de « Pakis » (immigrés pakistanais) succèdent aux innocents bizutages.

Le film concentre sa force dans une scène particulièrement réussie. Au centre d’une pièce bondée, le Caïd se transforme en orateur, exploitant avec habilité les colères de ses copains sans avenir. Si petit, au milieu de ses copains plus âgés, Shaun se transforme en une proie idéale. Nouvelle recrue du « National Front » , Shaun vivra son deuxième rîte de passage comme un brusque adieu à l’enfance. Shane Meadows se sent obligé d’expliquer la dérive nationaliste de ses personnages par l’absence d’un père, pour les uns, par le manque de reconnaissance ou l’intérêt, pour les autres. Pourquoi ne pas montrer aussi un  Shaun qui préfère Combo à Woody,  simplement, sans analyse, sans raison? S’il est important de montrer sur quelles failles se construisent les horreurs que nous avons connues, il faut aussi dire que les discours extrémistes ne sont jamais aussi dangereux que lorsqu’ils échappent à la raison…

Copie de Final
Collège au Cinéma

La grande trouvaille du film  reste Thomas Turgoose, qui joue le petit Shaun. Le regard boudeur et la mine inquiète, ce gamin des rues a été révélé par ce rôle. C’est un drôle de mélange, entre la dureté (il ose taguer les murs, pousser des femmes qui partent travailler, quasiment les frapper,..) et l’innocence ( il reste quand même un enfant de douze ans) : il incarne à merveille cet alarmant déséquilibre des enfants qui ont grandi trop vite.

Un petit budget, pour un grand film!

Lya VASSEUR & Sara DUMAS (3ème)

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