L’impensable

Il est difficile de dire pourquoi il faut lire Le Rapport de Brodeck. Peut-être parce qu’il est indispensable de lire Le Rapport de Brodeck. Parce que l’indispensable est dans Le Rapport de Brodeck. L’indispensable et l’impensable.

Brodeck est un narrateur hésitant qui tente de dire l’indicible : les horreurs de la guerre et l’espoir fou du vivant, l’horreur de l’humain et l’amour de l’autre, la folie des hommes et l’improbable majesté de quelques uns. Brodeck est un narrateur qui hésite parce qu’il revient de là où on ne revient pas, parce qu’il sait, parce qu’il comprend que le langage éloigne. Son rapport construit des méandres, ne propose jamais une ligne droite, mais une narration qui semble s’égarer, revenir en arrière quand il faudrait aller au but, qui frappe aves des fulgurances douloureuses, s’écarte dans la confusion de la mémoire, dans des passés incertains qui resurgissent. Brodeck amène son lecteur à l’orée de la vérité, puis le bouscule et le perd, et, de nouveau, lève un coin du voile.

Il y a, dans Le Rapport de Brodeck, à la fois une peur de l’innommable, du mal, et la lumière de la vie, de l’amour. Il y a dans l’écriture de Philippe Claudel ce qui fait une grande écriture : la nécessaire envie de suivre ses mots, jusqu’au bout, dans ce pays aux contours et à la langue flous, où les mêmes mots disent “nous sommes heureux”, mais aussi “nous sommes vigilants”.

Philippe MATHIEU

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