Les enfants juifs sauvés en Creuse… Sortie aux Archives Départementales de la Creuse

Des milliers d’enfants en France ont échappé à la déportation et à l’extermination grâce à l’organisation de caches mis en place par l’Oeuvre de Secours des Enfants (O.S.E.).

Après la déclaration de guerre de 1939, l’OSE met à l’abri des enfants allemands, polonais… juifs.

Témoignage d’Herbert Karliner, Le grenier de Sarah

Association d’entraide humanitaire juive, l’O.S.E. a acheté ou loué 3 châteaux en Creuse.

  • Le château de Chabannes, à Saint-Pierre-de Fursac

En novembre 1939, Félix Chevrier, imprimeur, puis journaliste, socialiste, franc-maçon, proche du Front Populaire, hostile à Vichy et républicain, accepte la direction du Château de Chabannes et en deux mois il fait d’un château à l’abandon un véritable lieu d’accueil pour des enfants arrivant le Berlin de Varsovie et de Paris.

En 1942 la « maison »  héberge plus de cent enfants juifs. En 1943, ils sont cent vingt.

Félix Chevrier et son équipe font régner une ambiance chaleureuse et apporte de la joie de vivre aux enfants, dans le respect de leur identité religieuse.

Félix Chevrier disait aux enfants: « … je ne puis arriver à vous trouver dissemblable de ce que j’étais à votre âge. Mon esprit se refuse à partager les préventions d’Hitler contre vous et les vôtres ».

Félix Chevrier et son équipe bénéficient du soutien d’une grande partie de la population des villages voisins et organisent la fuite des enfants dans la forêt à chaque alerte.

Yad Vashem a décerné à Félix Chevrier et à Irène et Renée Paillassou, institutrices,  le titre de  Juste parmi les Nations.

210 Familles hébergées, cachées ou sauvées au Château de Chabannes.

  • Le château Le Masgelier, près de Grand-Bourg

Il y règne un esprit juif, laïc et progressiste, sous la conduite d’Hélène et Jacques Bloch, russes.
On y célèbre les fêtes juives, mais la religion n’y est pas enseignée.

243 Familles hébergées ont été cachées ou sauvées au Château Le Masgelier.

  • Le château de Chaumont, près de Mainsat

Le refuge est d’abord situé à Crocq d’août 1939 au 1er août 1942 puis déménage à Chaumont (près de Mainsat) jusqu’à la fin de la guerre.
Aucun enfant placée sous sa garde ne sera déportée.

A Chaumont, Lotte Schwarz met en œuvre une pédagogie nouvelle, active.
En effet, pour responsabiliser les enfants, elle leur confie la gestion du budget, l’organisation du travail et les incite à donner un sens à leur vie en collectivité.

Le 26 août 1942, une grande rafle frappe tous les Juifs étrangers de zone sud. En Creuse, ils ne seront pas épargnés et les gendarmes viennent chercher les enfants de plus de 16 ans, y compris à Chaumont. Ils furent déportés sans retour vers Auschwitz par le convoi n° 26 du 31 août 1942.
Le passage à l’illégalité est donc décidé : l’OSE met en place un réseau clandestin pour cacher les plus menacés appelé « réseau Garel ».

Les maisons sont systématiquement et progressivement évacuées, sauf la colonie de Crocq qui reste à Chaumont jusqu’à la Libération.
Les jeunes filles et l’ensemble de la collectivité sont et restent en sécurité, sous la protection des habitants de la région.

La Creuse qui comptait 200 000 habitants a accueilli 3 000 Juifs dont 1 000 enfants pendant la Seconde Guerre mondiale.

Source ajpn.org