« Nuit et brouillard »

Entrée du camp d’Auschwitz – 27/01/1945 ( source : German Federal Archives)

En 1963, Jean Ferrat écrit et compose une chanson qui parle de la déportation de millions de personnes par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il a lui-même vécu l’antisémitisme de la Seconde Guerre mondiale : il avait 12 ans lorsque son père, Mnacha Tenenbaum, juif d’origine russe, a été arrêté puis emmené à Drancy, et à Auschwitz en 1942, d’où il n’est jamais revenu.

Sa chanson est un  hommage aux victimes de camps de concentration et d’extermination : les juifs, mais aussi les résistants, les communistes…. Jean Ferrat choisit comme titre « Nuit et brouillard » car c’est le nom de code des directives signées en 1941 par Adolf Hitler dans lesquelles le dictateur ordonne la déportation de toutes les personnes qui représentent  » un danger pour la sécurité de l’armée allemande » : saboteurs, résistants, opposants ou réfractaires à la politique ou aux méthodes du Troisième Reich.

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Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu’une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs
Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir

Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou
D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours
Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire
Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ?
L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été
Je twisterais les mots s’il fallait les twister
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

Les loups sont entrés dans Paris

Chanson française écrite par Albert Vidalie, sur une musique de Louis Bessières et interprétée par Serge Reggiani.

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Les loups sont entrés dans Paris

Et si c’était une nuit comme on n’en connut pas depuis cent mille nuits.
Une nuit de fer, une nuit de sang, une nuit un chien hurle.
Regardez bien gens de Denfert.
Regardez-le sous son manteau de bronze vert, le lion tremble.

Les hommes avaient perdu le goût
De vivre, et se foutaient de tout
Leurs mères, leurs frangins, leurs nanas
Pour eux c’était qu’du cinéma
Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l’paysage…

alors

Les loups, ououh !
Ououououh :
Les loups étaient loin de Paris
En Croatie,
En Germanie
Les loups étaient loin de Paris
J’aimais ton rire,
Charmante Elvire
Les loups étaient loin de Paris.

Mais ça fait ses cinquante lieues
Dans une nuit à queue leu leu
Dès que ça flaire une ripaille
De morts sur un champ de bataille
Dès que la peur hante les rues
Les loups s’en viennent la nuit venue…

alors

Les loups, ououh !
Ououououh !
Les loups ont regardé vers Paris
De Croatie,
De Germanie
Les loups ont regardé vers Paris
Tu peux sourire,
Charmante Elvire

Les loups regardent vers Paris.

Et v’là qu’il fit un rude hiver
Cent congestions en fait divers
Volets clos, on claquait des dents
Même dans les beaux arrondissements
Et personne n’osait plus le soir

Affronter la neige des boulevards…

alors

Deux loups ououh !
Ououououh !
Deux loups sont entrés dans Paris
L’un par Issy
,
L’autre par Ivry,

Deux loups sont entrés dans Paris
Ah tu peux rire,
Charmante Elvire
Deux loups sont entrés dans Paris.

Le premier n’avait plus qu’un œil
C’était un vieux mâle de Krivoï
Il installa ses dix femelles
Dans le maigre square de Grenelle
Et nourrit ses deux cents petits
Avec les enfants de Passy…

alors

Cent loups, ououh !
Ououououh !
Cent loups sont entrés dans Paris
Soit par Issy,
Soit par Ivry
Cent loups sont entrés dans Paris
Cessez de rire,
Charmante Elvire
Cent loups sont entrés dans Paris.

Le deuxième n’avait que trois pattes
C’était un loup gris des Carpates
Qu’on appelait Carêm-Prenant
Il fit faire gras à ses enfants
Et leur offrit six ministères
Et tous les gardiens des fourrières…

alors

Les loups ououh !
Ououououh !
Les loups ont envahi Paris
Soit par Issy,
Soit par Ivry
Les loups ont envahi Paris
Cessez de rire,
Charmante Elvire
Les loups ont envahi Paris.

Attirés par l’odeur du sang
Il en vint des mille et des cents
Faire carouss’, liesse et bombance
Dans ce foutu pays de France
Jusqu’à c’que les hommes aient retrouvé
L’amour et la fraternité…

alors

Les loups ououh !
Ououououh !
Les loups sont sortis de Paris
Soit par Issy,
Soit par Ivry
Les loups sont sortis de Paris
Tu peux sourire,
Charmante Elvire
Les loups sont sortis de Paris
J’aime ton rire,
Charmante Elvire
Les loups sont sortis de Paris…
Les loups
Les loups
Les loups, les loups
Les loups

 

 

 

 

 

 

 

Les lieux évoqués dans la chanson…

… à Paris

en Europe