L’antisémitisme de Vichy en actes

Comment Vichy exclut et contrôle-t-il les Juifs en France ?

Outre la suppression des libertés fondamentales (censure de la presse, interdiction des réunions publiques, des syndicats et des partis politiques, des grèves) l’État français, peu de temps après l’instauration du régime, vote les premières lois à l’encontre des juifs. Ainsi, le 22 juillet 1940 la moitié des 15 000 Juifs naturalisés en 1927 sont déchus de la nationalité française et deviennent apatrides.

Les lois antisémites de Vichy

Le 3 octobre 1940, une loi portant sur le « statut des juifs » est adoptée. D’après l’article premier de cette loi, « Est regardé comme Juif, pour l’application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif. ». Cet article exclut les Juifs français de la société publique et s’attaque directement à la République car l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 affirme que « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité publique. ». De plus, cette loi exclut les Juifs de nombreuses professions. Les fonctions d’Etat, l’enseignement, la gérance d’entreprises, les secteurs de diffusion tels que la presse, le théâtre ou le cinéma leur sont interdits. Les Juifs ne peuvent en aucune raison exercer un métier d’influence sur d’autres personnes.

Par Etat français — Document de l’État français – document rendu public le 3 octobre 2010 par Serge Klarsfeld – propriété du Mémorial de la Shoah, CC BY-SA 4.0,

Vichy va plus loin : il instaure le contrôle des Juifs.

Tout d’abord, la loi du 27 septembre 1940 transforme les CTE (Compagnies de travailleurs étrangers créées en 1939 en Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE). Les étrangers de sexe masculin de 18 à 55 ans pourront être enrôlés dans un groupement de Travailleurs Etrangers. Le GTE n°665 est même créé à Soudeilles et dénommé « camp de palestiniens ».

recensement des Groupements de Travailleurs Etrangers juifs,
Source : Archives du mémorial de la Shoah, Paris

Ensuite, la loi du 4 octobre 1940 sur les ressortissants étrangers de «  race juive » indique qu’ils devront être « internés dans des camps spéciaux » ou assignés à résidence.

C’est donc une politique de contrôle et d’éloignement qui se met en place qt qui exclut les Juifs de la société. En France, les camps de Drancy, de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande sont les camps d’internement réservés aux juifs en zone Nord. En zone Sud, les principaux camps d’internement se situent à Gurs, Septfonds, Brens, Noé, Récébédoul, Le Vernet, Rivesaltes, Agde, Les Milles, Marseille.

Puis, le 2 juin 1941, une nouvelle loi prescrit le recensement des Juifs français et étrangers. Ceux-ci doivent indiquer le lieu de leur domicile, leur état civil, leur situation familiale, leur profession, l’état de leurs biens et une déclaration indiquant qu’ils sont juifs aux yeux de la loi.

Affiche de recensement des juifs étrangers (Arch. dep. de Corrèze)

Ce recensement va aboutir à la création de milliers de fiches individuelles qui seront utilisées lors des arrestations de 1942.

Othilie Lonjou, Laurine Thiebaux